ô BOULOT : entre désir et injonction !
Nous avons assisté au vernissage de l’exposition Ô BOULOT ! qui a lieu au MAIF Social Club du 19/01/2018 au 28/04/2018. Allez-y, c’est original, drôle, interpelant … et en plus c’est gratuit !
Selon un rapport de « l’Institut pour le Futur » et Dell, publié en juillet 2017, 85% des emplois de 2030 n’existent pas aujourd’hui. Dans cette difficulté que nous avons à imaginer les contours d’un monde professionnel en constante évolution, il nous semble nécessaire de repenser ce qui peut faire sens dans le travail, aussi bien à l’échelle individuelle que collective. C’est pourquoi le MAIF Social Club nous propose de réfléchir avec nous sur les nouvelles formes de travail… de façon parfois décalée !
L’exposition est pensée comme une parenthèse poétique et philosophique, elle donne la parole à une quinzaine d’artistes sur le thème du travail afin que ces chercheurs de vérité nous incitent à la réflexion et à la remise en question. L’exposition ne vise cependant pas à dresser un constat sur le monde du travail actuel; elle nous emmène simplement dans un récit, collectif et subjectif, au sein duquel chaque oeuvre est une exploration ouverte et sensible de notre propre réalité.
La commissaire de l’exposition, Anne-Sophie Bérard nous propose ainsi un parcours en trois étapes : prenez le temps d’être DÉSORIENTÉS, vous trouverez de meilleures raisons d’être MOTIVÉS et c’est décidé vous serez ENGAGÉS !
Voici une sélection de ce que nous avons le plus aimée parmi les différentes propositions d’artistes.
#DÉSORIENTÉS… Absurdité, désenchantement et dénonciation
Loin d’accepter les règles, les artistes détournent les codes du travail pour en dénoncer l’absurdité.
Thierry Boutonnier, avec « Objectif de production », tente, désespérément, d’expliquer à ses interlocuteurs comment augmenter leur productivité : la production laitière aux vaches, la transformation du porc au cochon… Dans cette posture d’industriel, il illustre le processus de domination de l’homme sur son environnement et sa volonté d’imposer un toujours plus épuisant en entreprise …
Emilie Brout et Maxime Marion, dans « Untitled SAS », dénoncent la spéculation dans l’art et dans l’économie en général en créant une société la plus immatérielle possible. Sur un mur en marbre froid sont affichés les statuts de cette société (rédigés par un prestigieux cabinet d’avocat Granrut). Cette société ne vaut rien et n’a rien à vendre !
#MOTIVÉS ? A la quête d’un sens et d’un désir
Ici, les artistes s’intéressent à la place et à la valeur du travail dans notre vie.
Bertrand Planes a ralenti son horloge « Life Clock » 61320 fois, de façon à tourner au rythme de la cadence d’une vie ! Ici, il n’y a pas 12 heures sur le cadran mais 84 années (durée de vie moyenne de l’humain) … assez anxiogène même si heureusement, nous ne passons pas toute notre vie au travail … mais une bonne partie quand-même ! Quel équilibre entre vie privée et vie professionnelle ? Quelle valeur a le temps dans nos vies ?
Donald Abad avec la « Carrière à bras le corps » explore sa carrière sous tous les angles, prêt à la transformer, l’embrasser ou l’épuiser. Il a appliqué au sens propre cette expression bien connue et si souvent utilisée. On voit ici l’artiste sur trois écrans, affairé pour produire, chercher, améliorer, transporter, transformer … bref, une agitation incessante pour ces actions désordonnées … belle métaphore du travail, parfois inutile, futile ou dont les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de l’effort fourni ! Ses actes sont dignes du supplice de Sisyphe, qui était dans la mythologie grecque, un personnage astucieux et rusé. Il trompa de nombreuses fois les Dieux qui le punirent à sa mort en le condamnant à faire rouler un énorme rocher jusqu’au haut d’une montagne … le rocher retombant aussitôt de l’autre côté : Sisyphe devait inlassablement le ramener au sommet … et ainsi de suite … pour en voir plus
#ENGAGÉS ! Nouveaux protocoles et nouveaux usages
Cette troisième section invite à penser et construire ensemble une nouvelle relation au travail.
Avec « Sewing Machine Orchestra », Martin Messier propose un ballet sonore et lumineux de douze machines à coudre transformées et orchestrées par ordinateur. Il crée un dialogue entre les différentes générations, posant la question du rôle des technologies ou des algorithmes pour la communication ou la production moderne. Il interroge notre capacité à puiser dans les ressources du passé pour innover collectivement.
Gilbert Garcin nous offrira le mot de la fin grâce à sa photographie pleine de poésie et d’humour sur l’importance des chemins à construire. Le personnage s’évertue à changer le monde en faisant et défaisant la droiture des lignes imposées et infinies. C’est sa façon de nous inviter à la nécessité de penser autrement, d’expérimenter, au risque d’échouer ou de s’emmêler ! Un éloge à la liberté d’être et de faire.
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